17.7.08


L'après midi a joyeusement débuté par la visite de la conceptuelle et désormais célèbre exposition It's Not Only Rock'n'Roll Baby! La formidable idée de Jérôme Sans, inédite, est née du constat que beaucoup de rockers étaient avant tout des plasticiens. En effet, on peut remarquer qu'une grande partie d'entre eux s'adonnent à la photo, au collage, à la sculpure ou au multimédia. On voudrait alors savoir si la musique n'est finalement pas une occupation alimentaire qui leur servirait à financer leurs oeuvres, tant certaines d'entre elles paraîssent onéreuses. Intrinsèquement liés, l'art et la musique sont pourtant pour la première fois réunis.
On retiendra surtout des idées déco décalées et colorées chez Bianca Casady (CocoRosie), de la tendresse pour les adorables petits dessins de Devendra, du respect envers la maîtrise des détails à la plume et de l'encre de Chine de Kyle Field, de l'amour pour les Kills et leur montage de polaroïds, mais, par dessus tout, les oeuvres de Pete resteront dans ma mémoire. Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elles me touchent à ce (haut) point. Car j'imaginais que le sang injecté à ses toiles n'apporterait qu'une violence superficielle. Très sceptique, je me disais que ce n'est pas en imitant Tapiès et en plantant une seringue dans le papier que l'on peut faire passer quelque chose. Je me trompais, puisque, devant cette magnifique écriture, cet art de la caligraphie, ce style brouillion, ces tableaux, j'ai commencé à réfléchir, j'ai été immergée dans de tortueux questionnements. Je me projettais au moment tourmenté et tourmentant auquel Pete réalisait ses oeuvres si sincères.
Il aura bien fallu Lou Reed pour me détourner de ces sombres pensées.
Alors, nous y voilà.
Au Palais des Beaux-Art, envahi par les flamants cinquantenaires. (J'ouvre une large parenthèse car je suis en droit de me demander; pourquoi tant de jeunes gens prétendent que le Velvet est toute leur vie, qu'il est la base que leur culture musicale et que malrgé ça, force est de constater qu'ils ne se déplaceraient même pas pour Le voir? Lui qui, contrairement à d'autres ex-monstres sacrés, reste à la hauteur de sa réputation. La jeunesse est résolument mythomane et influençable.) Placées très loin, il nous faut nous tordre le cou pour jouir d'une vue correcte tout en n'obstruant pas la vision des misérables assis derrière nous.
Berlin et son intro 'Happy Birthday' commence, Lou apparaît, sans artifices ou entrée à la Johnny, tout simplement en file, derrière ses musiciens. Il prend sa guitare, il pose sa voix, et ça y est.
Tout y est.
Son parfait, décors étudiés (Un véritable petit film avec Emmanuelle Seigner est projetté tout le long de la prestation sur une tapisserie ancienne), batteur et guitaristes exeptionnels. Si éloignés puissent-ils être, leur professionnalisme nous laissent béates.
Les trois premières (ma Lady Day, Men Of Good Fortune et Caroline Says) semblent toutes être des chansons de fin, tant Lou les tirent, les magnifient et les finalisent en apothéose. Ce fut clairement les meilleurs moments du concert. Après, j'ai vraiment ressenti qu'une chose manquait : un public à la hauteur du bonhomme. On ne vit pas un concert de Lou Reed dans une salle asceptisée à la configuration assise... On ne peut, dans ce cas, que l'écouter. Ce qui est presqu'un non-sens. Les titres de Berlin s'enchaînent, dans l'ordre biensûr, et l'impressionnante Sad Song qui le clôt me laisse un peu frustrée. Des fourmis dans les doigts, nous tenons plus de cinq minutes à applaudire (à mon sens pas assez fort) pour finalement obtenir trois rappels fabuleux, dont les incontournables des incontournables Walk On The Wild Side et Sweet Jane.
Les lumières se rallument, on réaterri dans cette salle qui m'apparu austère et froide. Seules cette voix et cette classe auront réussi à estomper la dureté des lieux, du public.
Lou Reed est grand, mais alors là, très grand.

Posted by
Categories:

3 mot(s) doux:

Claire a dit…

AUJOURD'HUI.

Anonyme a dit…

Aujourd'hui au cinéma de Beaubourg, Berlin passait pour une scéance unique.
Je ne me suis pas reveillée à temps.
Tuez moi.

Anonyme a dit…

yo, je fus à cette expo lors d'un passage à Bruxelles et j'ai retenu les mêmes noms que toi, ce que fait Bianca Casady m'a emerveillé tout comme les dessins de Devendra Banhart et de Kyle Field ainsi que ces polaroïds fous des Kills. Mais tellement dingue l'espace Doherty, de voir du sang like that ca te fait mal au ventre tellement c'est du sang!!
j'ai bandé fort.
folle l'expo, folle.
c'est dingue mais je n'est vraiment retenu que ces noms là gravés sur les pages ocrés de mon moleskine remplis devant cet enchaînement de clips dans des poufs vraiment mous.
salut

je suis une pomme de terre coupée en rondelles.