20.10.08


Comme il serait regrettable d'entamer une telle journée de façon médiocre, c'est la bien nommée mélopée de Lou R. qui me tira de ma torpeur à l'aurore de ce dimanche 19 octobre...
La seconde d'après, je me retrouve aux côtés de Jay et de Clyde, savourant des spéculoos sous un sympathique rayon de soleil. C'est alors qu'une silhouette longiligne au visage pâle traverse notre champ de vision: cet amour de Miles se pliera aux traditionnelles photos et s'enquiera de mon humeur (à savoir un fine and ya étouffé) ainsi que de notre venue au concert du soir.
Quelque minutes passent et c'est la grêle ombre d'Alexa, l'inimitable démarche d'Alex et la touffe de James Ford que nous apperçevons. D'un pas sûr et conquérant, nous nous lançons à leur poursuite. Notre entreprise sera bientôt freinée par leur surprenante fuite sprintée. Heum. D'accord. C'est ce qu'on appelle vent de magnitude 6.
Qu'à cela ne tienne, nous les retrouverons par hasard au détour d'une rue après s'être faite dévisagée par la Chung en personne et que la main de son amoureux n'ai été déposée sur nos épaules aussi figées que son sourire. Un moment cardiaquement difficile.
Le poseur d'Alex, les genoux saillants, la veste en cuir scarabée négligemment suspendue à l'index, les Ray-Ban classieuses et le signe de main froid nous laissera perplexes, il faut le dire.
Qu'est-il advenu de notre acnéique cyclique à l'informe t-shirt Adidas?
Le génie a pris conscience de son talent; nous ne l'aimons pas moins pour autant, l'affection que nous lui porterons sera désormais moins tendre que religieuse.
Le reste de la journée suivra très agréablement son cours, rejoints par Claire et célébrée comme il se doit. Une attente bienfaisante qui ne fit qu'attiser mon besoin criant d'Hang The Cyst.
Les portes s'ouvrent, le bal aussi. Et ce avec Ipso Facto, robotique quartet féminin londoniens. Un bon style vestimentaire, de bonnes influences serties d'une bonne maîtrise instrumentale ne fait pas d'elles un bon groupe, à notre grand regret. J'ai la nette impression que si elles prenaient la peine de décoiffer leurs casques capilaires et d'apporter un brin de poigne au tout, elles seraient intéressantes.
Ca y est. Rien de moins qu'un orchestre de seize personnes entame l'interlude initialement placé avant Only The Truth. Alex, Miles et James montent sur scène munis de gobelets de vin. (Je me demande qui, un temps, méprisait les gens de l'Hunter's Bar qui se pensaient importants avec leurs glasses of white wine...)
In My Room, un début qui flamboie et laisse place nette à la galopante plage-titre. The Age Of Understatement entonnée telle une ode déchaîne les passions. Instantanément, la connivence entre les deux lascars est évidente et enchante. L'alliage de leurs voix est aussi convaicant qu'en studio.
Calm Like you, on se balance en rythme et une collusion gagne tacitement le public. La placide Black Plant égale à elle même et génialement fendue du fameux "when it's just one of many bullets you'll bite". Puis la très entêtante Gas Dance, oh la Gas Dance, qu'elle fut foudroyante, tranchante, presque aigre.
Alex tente une blague que nous décrêtons euhm, pas marrant à propos de Only The Truth qui démarre presqu'aussi subitement que sur l'album et avec une telle vigueur qu'on en est brutalement balayés. Whou, ça en impose.
Paris Summer en duo avec la jolie chanteuse d'Ipso Facto. Inutile de préciser qu'elle parut pour le moins fadasse à côté de la Mosshart. Mais Paris Summer reste en tout les cas un moment délicieux.
Separate and Ever Deadly que j'aime pourtant moyennement m'insuffle une pressante envie de déclamer à forts décibels les étranges paroles, et je ne suis visiblement pas la seule...
C'est alors que les premières notes de la plus crainte de toutes me flanquent des frissons. On bat du poing contre la barrière comme James bat de la baguette contre ses caisses à mesure que le Ano-o-oooyance s'intensifie pour finalement se changer en catch the cyst posillonné par un grand, un admirable, un immense, un colossal Miles Kane. La dimension de sa force narcotique concentrée dans le maniement de son électro-acousitque est telle que les poils de mes avant-bras de hérissent de joie. C'est avec une infinie contention que mes sourcils se froncent. Il est monumental ce morceau, même raccourci.
Ils auraient pu poser leur choix sur quelque chose de moins hallucinant pour nous permettre de rattraper nos esprit désarçonnés, mais non. Fallait-il qu'ils reprennent une chanson des Beatles. C'est là que Claire et moi, les yeux aussi ronds que la bouche, nous nous toisons, incrédules: un pur grand moment s'annonce.
Il faisait chaud, très chaud quand Mr Kane, les jambes divinement arquées, nous criait
I WANT YOUUU, I WANT SO BAA-A-AAD BABE L'envie déboulait du plus profond de son ventre et s'invitait sauvagement dans le notre. Et quand ce fut au tour d'Alex de reprendre la part de Paul, il n'en était pas moins électrisant avec ses lèvres boudeuses et son fameux timbre nonchalament cassant qui traîne, et qui traîîîne. Si le désir était une plaie, Miles hurlerait sa souffrance alors qu'Alex gémirait en grimaçant. Nous sommes endoctrinés à vie.
Eprouvés, la perfection de Mistake Were Made For You n'apaisera pas notre admiration et le bouillonnement corporel qui en résulte.
Un I Don't Like You Anymore plus tard, c'est l'allègre tutulululululu de In The Heat Of The Morning qui châtouille nos oreilles ravies. Le costume enthracite ajusté au millimètre ne sied que trop bien à un Alex qui tient du bout de ses doigts le fil de son micro, posture lui conférant l'allure d'un monument. Ma cage thoracique se bombe avant de laisser échapper un long soupir satisfait, les paroles sont tellement savoureuses. Elle est sublimement légère, à moins qu'elle ne soit légèrement sublime.
The Chamber la timide annoncera à merveille Time Has Come Again l'émouvante. Don't go too soon, c'est effectivement ce que l'on rêverait de susurer à leurs oreilles. Dans un ordre logique, c'est The Meeting Place qui clôt agilement le spectacle... C'est sans compter l'incontournable rappel illuminé par un Miles à quatre pattes qui nous gratifiera de Memories, méconnaissable reprise de L. Cohen ainsi que la grande absente du set: Standing Next To Me, l'occasion pour Alex d'empoigner son tambourin et pour le reste du monde d'esquisser un agréable pas de danse qui s'avèrera être l'hypogée d'un concert que l'on poura facilement qualifier de parfait.
Je dégaine alors mon honteux panneau-Alex-give-me-your-mediator-please. Comme c'est l'ami Miles qui se trouve face à moi, je masque du mieux que je peux le "Alex". Dubitatif, il n'a pas l'air de trop comprendre à qui j'en veux. Je lui signalerai par "You, you, you Miles!" que c'est bien son onglet qui requiert toute mon attention. Me décrochant le sourire dont il a le secret, il me le tendra bien amicalement.


Mais voici deux jours que je vis un choc post-traumatique... Ce n'est pas hyperbolique que de dire que ce concert m'a entièrement bouleversée. Engluée dans un marasme de sentiments contradictoires, les yeux qui, on ne sait pour quelle raison, s'embrument sporadiquement en plein cours de math...

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6 mot(s) doux:

Anonyme a dit…

Classe et terrible.

Anonyme a dit…

Ça grandira en moi pendant encore longtemps.

Anonyme a dit…

Of course I've got one.

See you soon.

Anonyme a dit…

ooh, merci, c'est court, mais ça me touche bien plus qu'un long discours verbeux.
mais je crois qu'à présent Underbones n'existe plus, dc la "musique magnifique" c plus au programme, enfin, en solo p-t...

sinon, j'avais déjà lu cet article mais je dois dire que j'avais pas trouvé grand chose à commenter, j'aurais encore une fois pu dire que j'adore ton écriture, mais ça risque d'etre lourd à force ^^

bises

Juliet a dit…

j'ai eu vent des conditions assez hardcore dans lesquelles tu as vu Syd Matters et les Girls In Hawaii ... C'est sûr que ça devait être assez folklo, en tout cas ravie que tu ais toi aussi apprécié leurs talents scéniques ! C'est le genre de musique qui te coupe du reste pendant que tu les regarde jouer, et c'est ça qui est vraiment très beau.

Anonyme a dit…

Oui, c'est bien moi... moi. Mais bon, l'adresse ne dois pas se propager. I trust you? Et puis ta lettre, hier soir. Après une très belle représentation de théâtre. Dès que je peux j'y réponds... elle était... Enfin bon, tu comprends, hein?! "On a probablement besoin l'une de l'autre".

Mrs C.